Cette année, nous sommes retournés en Irlande pour les vacances.
Nous avions choisi Inishowen Co. Donegal.
Nous avions loué une petite maison à Malin Head pour 10 jours et nous avons exploré la région en voiture de location.
La semaine du patrimoine avait justement commencé et partout dans le pays, des événements étaient organisés pour préserver le patrimoine culturel.
À Carndonagh sur la péninsule d’Inishowen, vit et travaille le seul fabricant de rouets d’Irlande, Johnny Shiels. Il est la troisième génération à fabriquer les rouets uniques du Donegal. Il fabrique encore aujourd’hui les rouets d’après un modèle, importés des Pays-Bas au 17e siècle. Johnny restaure également de vieux rouets et tourne de vieilles pièces cassées et pourries dans du bois neuf.
Nous avons rencontré Johnny lors d’une démonstration. Il m’a tout de suite amené une chaise pour que je m’assoie et que j’essaie. Le rouet Donegal a une grande roue qu’il faut d’abord faire tourner autour du pivot. Il a une masse et un poids conséquents, il est impressionnant. Dès que l’on a appris à pédaler, le rouet a un bon élan et une bonne vitesse. Il est vraiment rapide à filer.
Une manifestation de préservation du patrimoine culturel a eu lieu à Malin Head au même moment.
En entrant, il y avait des images d’autrefois, des cartes géographiques et des travaux manuels.
Dans le coin de la pièce se trouvaient trois dames. L’une travaillait sur un rouet, une autre avait une cardeuse sur les genoux. Et la troisième m’aborde pour me demander si je savais filer.
D’abord surprise quand je lui ai répondu par l’affirmative, elle m’a de suite proposé une chaise et encouragé à filer.
C’est avec beaucoup de plaisir que je me suis mise à la tâche.
Elles m’ont raconté que leurs mères avaient un vieux rouet de plus de 100 ans. C’était merveilleux de voir la laine cardée s’enrouler et un beau fil régulier s’enrouler sur la bobine. Ce rouet, un peu plus compact que le Donegal, avait aussi un élan fantastique. Après un long échange, nous avons constaté que notre logeuse était la sœur de ces gentilles fileuses. Ici aussi le monde est petit 🙂
Nous nous sommes encore attardé un peu puis nous avons quitté la manifestation.
Le mardi suivant, nous avons rendez-vous chez Johnny Shiels. Une petite maison de village au cœur de Carndonagh. Quoi que pas vraiment petite car nous avons découvert l’atelier derrière la maison.
Différentes scies, tours à bois et ponceuses se trouvaient dans l’atelier. Johnny se dirige presque sans parler vers l’une des machines à tourner, fixe un morceau de bois, prend un tube de peinture verte, dépose un peu de peinture jaune et verte sur une planche de bois et commence à tourner.
En un clin d’œil, Johnny fabrique un arbre, y met de la peinture verte et jaune, et crée ainsi un arbre du Donegal. Magique.
Nous revenons aux rouets, il nous montre différents modèles et me laisse essayer un rouet d’aujourd’hui, qui tourne facilement et agréablement. Certains modèles exposés ne sont pas à vendre.
Johnny me laisse son livre d’or dans lequel je dois écrire quelque chose.
Puis il va chercher un autre rouet et nous raconte que son père l’a fabriqué dans les années quatre-vingt à l’occasion d’un mariage. Malheureusement, la mariée n’aimait pas le rouet, il n’a donc jamais filé. Il a un point de rotation plus élevé, ce qui le rend moins facile à filer.
J’ai pu aussi tester un rouet centaine. C’était un rouet magnifique avec un léger coup de pédale et qui ronronnait juste un peu.
J’ai été enthousiasmée par les rouets Donegal. Ce sont des objets magnifiques et des outils performants. Il ne me reste plus que de trouver le moyen de m’en procurer un pour moi …